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Le Corps
Le corps est une réalité avant d’être un concept. Nous le rencontrons comme un fait extérieur à la pensée, mais qui est, par là même, donné à penser. La tradition philosophique n’a pas manqué de se confronter à cette tâche. Les contributions rassemblées dans cet ouvrage abordent certaines des tentatives majeures pour constituer le corps en véritable concept : de Platon et Aristote à Foucault en passant par Hobbes, Descartes, Kant, Fichte, Hegel ou Nietzsche, du proto-christianisme d’Augustin ou Tertullien à la phénoménologie de Levinas ou à celle de Henry, en passant par l’empirisme de Condillac et Rousseau.
Le fil conducteur de ce volume est d’interroger la manière dont un corps peut être mien. Qu’est-ce qu’avoir un corps ? Il faut mobiliser plusieurs modèles pour penser ce que cet « avoir » a de singulier : est-ce s’en servir comme d’un instrument, en disposer librement, en être propriétaire, être uni à son corps, se sentir l’être… ?
Cependant l’opacité de cette relation à mon corps demeure, aussi longtemps que l’« avoir » est tenu pour un simple fait. Aussi proposons-nous également de l’envisager, selon une perspective dynamique, comme un processus d’appropriation : le corps est le produit d’un faire, qui en cultive les puissances, au point parfois de les sublimer dans la jouissance de son exercice ou l’expression de sa beauté. Mais ce faire l’expose au risque de se défaire, lorsque, dans le dénuement par exemple, je m’éprouve assigné à un corps dont à certains égards je ne dispose plus.
Contributions de Gaia Bagnati, Victor Béguin, Benoît Berthelier, Émeline Durand, Mathieu Eychenié, Pierre Guenancia, Louis Guerpillon,Paul Guerpillon, Pierre-Mehdi Hadj Sassi, Odile Tourneux